top of page
  • Facebook
  • Instagram

L'édito

Pr. Olivier Sorel

Pr. Olivier SOREL

Président scientifique du Congrès

(France)

L'esthétique au cœur de l'orthodontie

Associer orthodontie et esthétique c’est ouvrir une boîte de pandore risquée où les dérives de notre société imposent l’image comme une référence absolue. Or, notre métier est en tout premier lieu consacré à la santé de nos patients. Sortis de ce contexte, nos traitements pourraient passer pour une sophistication. Dès l’Antiquité, Aristote définit la sophistication comme une sagesse apparente sans réalité, qui propose comme règle de vie l'obtention du succès oratoire et du gain pécuniaire, tout ce que j’exècre et tout ce qui est aux antipodes d’une prise en charge médicale.

 

Et pourtant peut-on concevoir un traitement orthodontique non esthétique ? Cela n’aurait pas de sens. Esthétique serait-il un gros mot ? Sur quels fondements repose l’orthodontie ?

 

La langue française accorde aux mots un sens souvent très précis dont l’étymologie est la fondation, ce n’est pas Littré qui me contredirait. Prenons donc le temps de revenir sur leur sens :

- Orthodontie, du grec Ortho, droit et Odonte, la dent. Cette science est consacrée à mettre ou remettre les dents droites, les aligner en sorte. « Un peu court jeune homme » aurait dit Cyrano ! Oui bien sûr, mais ce terme, devenu générique, dépasse de loin l’aspect dento-dentaire que sa définition met en avant et que l’autre définition de notre métier recouvre : l’Orthopédie Dento-Faciale. 

- Orthopédie, « Art de prévenir, de corriger les difformités du corps, surtout chez les enfants, à l'aide d'un appareil ou au moyen d'un traitement » (N. Andry de Bois-Regard, L'Orthopédie [titre]). Formé de Ortho, droit et de Pédia éducation des enfants (physique et morale). Avec Dento et Faciale, nous percevons alors que cette discipline de l’art dentaire s’accorde à remettre les dents droites dans la face avec une attention première pour les enfants en les éduquant… Et si on ajoute les tissus parodontaux, le mouvement c’est à dire les fonctions, en replaçant le tout de façon holistique (qui s'intéresse à son objet dans sa globalité), nous arrivons à une définition complexe qui répond bien à la complexité de notre spécialité. 

 

L’esthétique est alors une petite partie du puzzle mais partie prépondérante pour nos patients motivés par la correction de ce qu’ils considèrent comme une disgrâce. 

La définition de la santé par l’OMS (Constitution de 1948) leur donne raison : la santé est « un état de complet de bien-être physique, mental et social, [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». L’aspect social est donc d’une grande importance. Notre société médiatisée impose des images stéréotypées auxquelles nous devons nous conformer dont celle d’avoir les dents droites.

 

Pour autant, notre responsabilité dépasse de loin l’objectif de nos patients que nous devons alors éclairer avant d’entreprendre une correction qui finalement répondra à leur motivation mais aussi à toutes celles qui président à l’équilibre global, holistique, des dents, du parodonte, des structures osseuses, des fonctions oro-faciales…

 

Notre réunion scientifique francophone a donc comme ambition d’éclairer les valeurs qui président à une prise en charge orthodontique approfondie et de démontrer que l’esthétique est une conséquence et non le but d’un traitement accompli. 

 

La première matinée sera consacrée à ce qui motive nos patients. Nous nous poserons les questions fondamentales, en termes de santé : ce que nous devons comprendre et intégrer dans notre démarche diagnostique. 

Nous aborderons un exemple concret peu souvent évoqué, la dysmorphophobie :  un trouble mental où le patient se focalise sur un défaut inexistant ou léger de son apparence physique ce qui entraîne une souffrance importante et peut affecter le comportement. 

 

Après avoir identifié les motivations de nos patients, nous pourrons alors envisager leur prise en charge avec un gradient thérapeutique approprié et, comme considération première, la prise en compte du rapport risque-bénéfice afin de préciser les différentes options thérapeutiques. 

Cela nous amènera à envisager la notion de compromis thérapeutique, quintessence de notre art, qui ne doit jamais être une compromission. 

Le site et l’importance des dysmorphoses sera donc notre fil rouge afin d’envisager l’individualisation nécessaire au patient en l’éclairant sur les options thérapeutiques adaptées à son cas. Cela va de l’abstention thérapeutique si les conditions l’exigent aux traitements associant les différentes spécialités de l’odontologie et de la stomatologie (CMF). Le choix final revient au patient, éclairé par son praticien qui a un devoir d’exhaustivité dans la présentation des différentes solutions. 

 

Pour revenir à notre fil rouge, nous aborderons les dysmorphoses simples, où le seuil du déséquilibre concerne la dent et son environnement et les dysmorphoses compliquées par des problèmes squelettiques. Lors de la dernière session, nous aborderons les réhabilitations complexes multidisciplinaires où l’orthodontie est partie prenante. 

 

Ces journées mettront en avant la réflexion nécessaire à la conception et à la réalisation de nos prises en charge. L’esthétique est au cœur de l’orthodontie. L’établissement d’une occlusion équilibrée qui respecte les grands équilibres entre les formes et les fonctions mène à l’harmonie du sourire, aboutissement et non finalité. 

bottom of page